Patrick Lubinski (1952-2023)

Bogdan Kochowicz évoque son ami, Patrick Lubinski.

Patrick Lubinski est mort.

Il est décédé à l’âge de 71 ans, le 13 juin. Il y a 3 mois à peine, le 20 mars, je lui souhaitais son anniversaire.

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Cette evocation de Patrick Lubinski est illustrée avec des photos présentes dans nos archives casimiriennes.

La dernière fois que nous nous sommes vus, c’était en septembre 2022 lors d’un diner dansant à Sallaumines avec l’orchestre Bardzinski.

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On reconnait au second plan avec les cheveux gris, Richard Piasecki et Bogdan Kochowicz et au premier plan, René Zalisz et MAX (Patrick Lubinski) qui eux ont perdu leur tignasse casimirienne…

Patrick était MAX

Pour nous, à l’Internat, Patrick était MAX. D’ailleurs, personne ne l’appelait Patrick. Il n’avait pas envie de venir étudier à l’Internat. Il voulait entrer dans un collège de l’armée mais ses parents en ont décidé autrement. C’est peu dire qu’il protestât mais ni les larmes ni les fugues ne changèrent la décision des parents.

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Sur cette photo prise en 1967, on reconnait, debout de gauche à droite: Jean Skarbek, André Loks, Zenon Losik, Osinski, ??, Stan Ledochowski et MAX; assis Bogdan Kochowicz, Patrick Kabacinski et ??.

 

MAX et la musique...

Alors en entrant à l’Internat Patrick devint MAX. Très vite, il adopta un look à la Rolling Stones, s’improvisa guitariste et s’affranchit des règles de la vie commune. Avec trois accords,  il jouait Satisfaction et 19th Nervous Breakdown et c’était mieux que de taper dans un ballon ou faire de la course à pied.

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C’est à cette époque que je me suis essayé à la batterie et Claude (Lukasiewicz) en excellent musicien qu’il était, avait pressenti notre vague potentiel pour reformer les Salamandry avec paraît-il la bénédiction du Boss. Max prit par la suite, des cours de guitare et de solfège en même temps qu’il s’essayait à quelques substances illicites inimaginables à cette époque à l’Internat. Avec Bernard Dudkiewicz qui était un accordéoniste virtuose et un guitariste digne de Clapton et un Claude aux claviers et à la voix toujours aussi chaude, l’ensemble avait de la gueule. La batterie était le point faible.

Le dernier concert des Salamandres eut lieu à Monceaux les Mines.

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Et Max direz vous ? 

Max vivait sa vie en dehors des études et de la musique. Il organisait de temps en temps des repas avec ses amis comme celui dans le clocher de l’église où il nous fit des frites avec de la graisse trouvée dans la cuisine du réfectoire ou comme la gigantesque omelette de minuit que nous nous sommes faite dans la cuisine de Kasia. On a failli se faire vider.

Un soir où il avait le spleen, Max décida d’aller rendre visite à sa petite amie à Arenberg. 150 km aller retour dans une camionnette volée de l’Internat sous une pluie battante par des mineurs et sans permis est resté dans nos mémoires à Pierre Hummel et moi car nous n’avons pas voulu le laisser partir seul.

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Un jour, Max débarqua à l’Internat en moto ou plutôt un engin qui n’était pas encore une vraie moto mais qui était plus qu’une mobylette. Certains jours, après avoir assisté aux cours, il partait sur son engin, ni vu ni connu, comme un demi pensionnaire. Il avait décidé de vivre dans un régime de semi-liberté mais jamais sans musique.

En quittant l’Internat,

En quittant l’Internat, Max redevint Patrick et devint un chef d’entreprise de maçonnerie très talentueux et respecté. Sa boîte était performante. On le voit ici devant la ferme du XVI° siècle qu’il avait lui-même restaurait et aménagé à La Villetelle dans le département de la Creuse.

Unadjustednonraw thumb b93bIl n’oublia jamais sa guitare et ses racines polonaises. Les chansons apprises à l’Internat suscitaient toujours en lui des émotions réelles. 

MAX, Patrick Lubinski était mon ami et aujourd’hui j’ai beaucoup de peine.

MAX avait cinq enfants, une fille et quatre garçons. Ses funérailles auront lieu lundi 19 juin 2023 à 8 h à Aubusson.

                                                                             Bogdan Kochowicz

 

 

Claude Lukasiewicz nous raconte MAX :

Claude et MAX (Patrick Lubinski) étaient tous deux originaires d'Arenberg près de Valenciennes ...

Arenberg

Un orchestre de bal...

Sur la demande insistante du Boss, et contre la volonté de Chopin qui n’approuvait pas cette initiative, nous avons créé un orchestre de bal, appelé « Les Salamandres» qui, dès le départ, était composé de Bernard Dutkiewicz à l’accordéon et à la guitare, de Bogdan Kochowicz à la  batterie, de Jedrzejak au piano, de moi-même à l’orgue et chanteur, et de Max Lubinski (de son vrai prénom Patrick). Y participèrent également et occasionnellement Gabriel Garçon, Pierre Hummel et René Zalisz, assurant le chœur ou l’intendance, plus exactement l’installation des instruments. Cet orchestre se situait dans le prolongement d’un autre orchestre qui fut monté au Grand Séminaire de Velaines, en Belgique, et composé de Marian Walesa, Marian Furmaniak, François Dyjak, Stanis Adamski, Smalcerz et Eddy Ligmanowski lequel, quelques temps auparavant, nous initia au Gospel et Negro-Spirituals.

SalamndryNotre orchestre fut très souvent sollicité. Nous donnions effectivement de nombreuses représentations, la plupart du temps à la demande du Boss qui, parfois s’improvisait batteur, révélant ainsi ses faibles dispositions pour occuper ce poste alors qu’il était persuadé du contraire. Mais…c’était le Boss ! 

A l’Internat, à l’occasion de certaines manifestations, c’est dans la « jadalnia » (le réfectoire), aujourd’hui complètement rasée, que nous donnions nos prestations, souvent ponctuées de remarques provenant du Boss : « Nie tak glosno ! », avec, bien entendu, l’approbation de Chopin toujours hostile à nos interventions jugées trop bruyantes à son goût !

Il nous arrivait d’être invités dans les paroisses qui nous réservaient un accueil chaleureux.

Du coup, le Boss nous incita à nous mesurer aux plus grands et nous demanda d’animer le bal du zlot, qui se déroulait comme chaque année lors du dernier dimanche de juin à Vaudricourt. Ce que nous fîmes, malgré les faibles moyens dont nous disposions. On s’en était bien sorti quand même ! Il est vrai que les musiciens étaient hors-pairs….

Nous eûmes aussi le plaisir de jouer à Monceaux-les-Mines, lors d’une intervention inoubliable qui marqua tous les esprits, au point que 50 ans après, les habitants de cette commune s’en souviennent encore…comme ont pu le constater Gaby Garçon (et son épouse) lors d’une conférence qu’il y donna, il y a de cela deux ou trois ans. 

Si la direction de l’orchestre m’incombait, pour autant, au cœur de celui-ci, Max régnait en maître. C’était pour lui son lieu d’expression où il donnait la pleine mesure de son talent, et son refuge où il se recueillait et se ressourçait. Il adorait jouer de la guitare. Balbutiant au début, il finit par maîtriser magistralement cet instrument, au point de pouvoir exécuter toutes les partitions. Mais par-dessus tout, il adorait improviser. La musique était son univers qui lui permettait d’exprimer tous ses dons musicaux, mais aussi certains traits de sa personnalité.

 

Qui était MAX ...

Après cette brève présentation sur laquelle nous pourrions revenir, évoquons rapidement ici certains faits saillants qui soulignent à titre anecdotique, les exploits, les exploits de notre guitariste vedette : le Grand MAX qui vient de nous quitter prématurément, à l'age de 71 ans, la tête fourmillant de projets que le destin lui empéchera de réaliser ... 

Souvent indomptable, parfois provoquant, voire ingérable, mais foncièrement bon, d’une sensibilité extrême, il abhorrait les règles qu’on tentait de lui imposer. Il tenait à sa liberté et à la possibilité de l’exprimer. C’est pourquoi il ne manquait aucune occasion de faire ce qu’il lui plaisait en prenant et en assumant tous les risques.

Évoquons enfin deux anecdotes bien connues des Salamandres. C’est ainsi qu’il « emprunta » dans la nuit la camionnette bleue de l’internat pour se rendre chez lui près de Valenciennes. Bogdan (Kochowicz) est bien placé pour en parler…

Par ailleurs, il nous invita tous à dîner dans le clocher de l’église de Vaudricourt, éclairé à la lueur des bougies qu’il prit sur l’autel (et qu’il remit…après le repas). Au menu, des frites qu’il fit frire avec la graisse qu’il préleva dans la cabane à frites de Kasia. 

Nous fûmes démasqués par Grabinski (Poussix) et convoqués par le Boss le lendemain : il nous menaça de nous renvoyer. Quant à Max, il s’en fichait royalement. Tel était notre ami : un grand affectif, épris de liberté, avec le cœur sur la main.

Désormais, comme le dit la chanson, « Il est libre, Max ! »….

Claude Lukasiewicz

Aller MAX, comme il y a plus de 50 ans, on termine en musique et en images...

Je me joints à Bogdan et Claude pour terminer cette évocation de Patrick Lubinski en musique avec deux morceaux : 

  •  Il est libre Max , écoutez bien les paroles du refrain, il était bien comme cela notre MAX. 
  • Gloria composée par Van Morrison du groupe les Them et qu'il interprétait à merveille à l'époque...

Quand je, (ZEDER, l'ai revu en septembre dernier à Sallaumines, MAX m'avait promis de jouer ce morceau sur sa guitare quand je lui rendrai visite à Villetelle dans la Creuse. Ce ne sera pas possible dans l'immédiat.

Repose en paix, cher  MAX et salue bien tous les Nôtres là-haut.

 

Date de dernière mise à jour : vendredi, 16 juin 2023

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