Richesse musicale de la Polonia
La Musique :
Simon Juskowiak, musicien émérite, nous rappelait récemment qu’il n’y a pas des musiques mais Une Musique ; comme il n’y a qu’Une Molécule d’Eau qui peut se décliner dans plusieurs "états". Pour l’eau, les états sont fonctions de la température : froide/glace, tempérée/liquide ou chaude/vapeur.
Les "états" de la musique sont fonctions de l’état émotionnel du compositeur ; et comme l’émotion de l’Homme est plurielle, sa musique sera plurielle.
On ne peut pas opposer une musique à une autre. Tous les genres musicaux méritent d’exister puisqu‘ils expriment la diversité émotionnelle du compositeur. Ainsi musicalement, la joie peut s’exprimer dans les registres folkloriques mais aussi symphoniques, religieux ou même aussi dans le jazz New Orleans…
Programme de ce concert virtuel.
Ecoutez dans l'ordre qui vous fait plaisir ces cinq pièces issues du riche patrimoine musical de notre Polonia qui nous l'espérons seront à vos yeux et vos oreilles agréables.
Plus bas dans cette page vous trouverez des informations complémentaires sur les pièces elles-mêmes et sur leurs compositeurs marqués par leur Polonité.
Le HOT-CLUB de Lens, un orchestre de Jazz Polonais (1955)
Deux morceaux de Jazz New Orleans interprétés en 1955 par le Hot Club de Lens, orchestre de Jazz polonais créé par Felix Lisiecki en 1949.
Un grand merci aux frères Henri et Zygmunt Juskowiak sans qui la rédaction de Kurijer Kazimierski n'aurait jamais pu réaliser ce montage multimédia. Toutes les informations et photos des musiciens de ce montage sont issus de leurs collections personnelles.
La bande son a été dénichée dans les Archives sonores de Radio Wolna Europa branche polonaise de Radio Free Europe.
Oratorio de notre temps de Felix Lisiecki (1972)
Composé en 1972 par Felix Lisiecki sur des textes de Françoise Caubel-Chauchat, l’«Oratorio pour Notre Temps » vous emmène à la suite de ses trois personnages qui, en quête de certitudes, dialoguent avec le Christ.
Cliquer sur l'image ci-contre pour visionner ces deux extraits :
- Concert donné en juin 2017 en l'église Saint Leger de Lens Il s’agit de la version pour orgues, piano, contrebasse, percussions et chorale sous la direction de Marie Lisiecki, fille du compositeur.
- Concert donné le 21 juillet 2011 en l’Eglise St Elie à Antelias au Liban. Il s’agit de la version pour chœurs de : Université Saint Esprit Kaslik (Liban), et de Marc-en Baroeul (France) accompagnés par l’orchestre philharmonique du conservatoire libanais, dirigés par le colonel Ziad Mourad.
Balada Zofii de Pascal Szymczak (2019)
Le jour-même où j'ai appris son décès (Zofia), une mélodie m’est venue tout de suite que j'ai orchestrée pour l'ensemble de cordes et flûtes que je dirige dans mon école. La pièce s'appelait "Sophie Maquin", tout simplement même si j'ai pensé un moment l'appeler "Tête d'ail", une sorte de clin d'œil à son goût pour la musique « trad. »,
Cliquer sur l'image ci-contre pour voir la vidéo.
Nous vous présentons ici une version avec des images de la Pologne au Moyen-Âge.
Histoire "animée" de la Pologne
En 2010, Tomasz Baginski réalise une Histoire de la Pologne en dessin animé qui sera présentait au pavillon de la Pologne lors de l'exposition internationale à Shangaï.
Initialement la bande son a été créée par Vangelis. Dans cette version resonorisée, nous vous présentons un florilège de 17 musiques tirées du répertoire polonais.
La chorale de l’internat saint Casimir chante Moniuszko (1955)
La chorale de l’internat saint Casimir chante Moniuszko, direction père Boles?aw Krachulec (1955).
Comme précédemment pour le Hot-Club de Lens cet enregistrement a été réalisé par Radio Wolna Europa. Cétait en juin 1955 à Bruay-en-Artois.
Pour ceux qui voudraient en apprendre plus sur la discographie de la chorale de l'internat saint Casimir de Vaudricourt.
Un orchestre de Jazz Polonais. L'épopée de Félix Lisiecki et de Henri Juskowiak :
Dans son livre autobiographique, Félix Lisiecki décrit ainsi comment il en prend plein les oreilles de ce qu’il appelle le Jazz Vivant:
En chemin pour aller au cinéma, Felix Lisiecki (la vingtaine) est totalement envouté par la musique qui s’échappe de la fenêtre d’une brasserie. Nous sommes à Billy Montigny durant la guerre. La formation des frères (jumeaux) Kaszowski jouent cette musique peu connue et venue d’ailleurs.
Quand j’entends leur musique, je suis parcouru par un frisson, j’attrape la chair de poule. … Le rythme incisif et balancé de la batterie, l’improvisation éclatante de la clarinette, l’accompagnement – Ô combien efficace – de l’accordéon et le soutien rythmique et harmonique de la guitare… Je n’ai jamais entendu cela en direct. C’est un vrai choc !
Lui le trompettiste rêve de créer une telle formation.
La guerre terminée, Felix Lisiecki cherche des musiciens. C’est chose faite en 1949. Les cousins Felix et Henri sont rejoints par deux autres polonais : Henri Ogrodowicz, au piano, Robert Padych à la batterie, un yougoslave Yvon Grandovec au trombone et un français, André Bollingier à la contrebasse.
C’est dans l’arrière-salle du café « Stanis » des Lisiecki à la fosse 3 de Sallaumines que la formation va s’entrainer.
Un grand merci aux frères Henri et Zygmunt Juskowiak sans qui la rédaction de Kurijer Kazimierski n'aurait jamais pu réaliser ce montage multimédia. Toutes les informations et photos des musiciens de ce montage sont issus de leurs collections personnelles.
La bande son a été dénichée dans les Archives sonores de Radio Wolna Europa, branche polonaise de Radio Free Europe[1] .
Les commentaires sont en polonais en voici la transcription en Français : Dans la première minute de l’enregistrement que nous vous proposons aujourd’hui, le célèbre animateur Hilary Proszek (alias Wiktor Budzy?ski (1906-1972)) rappelle en Polonais que cette émission de Variété intitulée Podwieczorek przy mikrofonie (Gouter près du Micro) enregistrée à Lens sera ensuite diffusée vers la Pologne. Il rappelle que Lens est probablement un des agglomérations de France où il y plus d’émigrés polonais. Enfin il présente Felix Lisiecki et son l’orchestre de jazz polonais.
En ce Dimanche 3 juillet 1955, Radio Free Europe loue la salle de l’Apollo de Lens où se sont réunis près de deux mille membres de la Polonia de l’époque. Construit en 1932 sur le modèle Art-Déco du cinéma Paramount à Paris, l’Apollo est une immense salle de cinéma et de spectacle pouvant accueillir jusqu’à 2500 spectateurs (moins de 2000 après la guerre).
Quelques documents pour en apprendre encore plus sur cette épopée Jazz, consulter :
- Les souvenirs signés de Henri juskowiak
- Quelques pages issues de la biographie de Felix Lisiecki
- Une petite revue de presse… qui montre qu'Henri Juskowiak ne s'est jamais éloigné du Jazz de son adolescence.
[1] Après 1945, la Guerre Froide entre l’Occident et le Bloc Soviétique va également s’installer sur les ondes radiophoniques. À Varsovie, dès 1949, Radio Polska se dote du plus haut pylône d’émission d’Europe (335m) permettant d’atteindre des auditeurs au-delà du Rideau de Fer : jusqu’à Bruxelles, Paris et même Londres. En 1952, les Américains installent à Munich une station radio concurrente : Radio Free Europe avec sa branche polonaise Radio Wolna Europa. A côté de la guerre des communiqués (toujours contradictoires) que se livrent les deux radios, il y a aussi quelques émissions de divertissement. Ainsi Radio Wolna Europa organisait et enregistrait des émissions de variété, en langue polonaise dans les villes à fortes concentrations en émigrés polonais (Douai, Bruay, Lens, …, Londres, Hambourg, …) qui ensuite étaient retransmises de Munich en direction de la Pologne.
Henri Juskowiak aujourd'hui : du Jazz, encore du Jazz et toujours du Jazz...
Avec son ami pianiste Jean-Marie Quiquempois, Henri Juskowiak a monté le Mainstream quartet. Ils ont aussi fait toute la vie du centre d’animation culturelle Albert-Camus, de l’ouverture à la fermeture en 2008. Depuis, ils continuent à répéter à l’école de musique d’Avion où ont été tournées les images de cette vidéo ! C’est également à Avion qu’ils ont reçu la médaille des chevaliers des Arts et des Lettres. ». Voir photo ci-contre.
Cliquer sur la photo ci-contre pour voir avec quel plaisir ces deux gamins octogénaires des corons continuent de jouer le Jazz.
Musique sacrée au rayonnement international.
La période Jazz se poursuit jusqu’à la fin des années 50, puis Felix Lisiecki change totalement de registre musical.
En 1972 il compose l’Oratorio pour notre temps avec Françoise Caubel-Chauchat qui présente l'oeuvre ainsi :
« Cet Oratorio est le fruit de notre expérience spirituelle et de celle de beaucoup d'hommes et de femmes dans le monde entier. Il proclame, dans le contexte de notre époque, que Dieu est vivant, qu'Il nous aime, qu'Il réalise Ses desseins à travers ceux qui L'écoutent et Lui obéissent. »
En guise de biographie de Felix Lisiecki, nous vous proposons ces articles de la Voix du Nord suite au décés de cet artiste aux multifacettes.
Sous ce lien une Discographie, liste de représentations et distinctions de l'Oratorio pour notre temps.
Vous trouverez d'autres détails sur cette œuvre représentée plus de 70 fois dans le monde entier sur le site officiel de l'Oratorio de notre temps ainsi qu'une bibliographie et discographie de ce musicien et compositeur pluriel.
Chez les Lisiecki comme chez les Juskowiak la musique est inscrite dans les gènes. Le premier orchestre symphonique de la famille sera créé à Noeux les Mines en 1928 par l'oncle Felix Przybylak. C'est la maman de Simon et Henri Juskowiak qui est au piano. Elle n'a que 14 ans.
A plusieurs reprises Simon Juskowiak, accompagnera au violon l'Oratorio pour notre temps dirigé par son cousin germain Felix Lisiecki.
Ci-contre quelques photos autour de cet Oratorio.
Simon Juskowiak, frère d'Henri et cousin germain de Felix Lisiecki.
Natif de Sallaumines, Zygmunt (Simon) Juskowiak fut tour à tour l’élève de François Krzyzaniak puis de Jean Michalak, deux célèbres musiciens des années cinquante. Après ses études musicales, il s’est consacré avec passion à la tradition polonaise, aux mariages, aux bals et aux groupes de chants et de danses folkloriques de Méricourt, Sallaumines et Harnes dans le Pas de Calais.
Aujourd’hui, professeur de violon et piano, il est membre de l’école de musique d’Haubourdin ainsi que de la fédération Acor’d (Association de chœurs et orchestres régionaux au Diapason), forte de 250 choristes et d’un orchestre symphonique de 50 musiciens de talent.
Simon Juskowiak a joué à plusieurs reprises l'Oratorio pour notre temps sous la direction de son cousin Felix Lisiecki.
Pascal Szymczak, un compositeur du Douaisis à l’inspiration résolument slave
Le Compositeur - en bref - w paru s?owach - in a nutshell.
- 1970 Entrée au Conservatoire National de Région de Douai à 9 ans. Il étudie le violon
- 1983 Licence en commerce international et en langue étrangère (Lille III) sans abandonner la musique.
- 2001 Création du festival de musique baroque à Achères (Ile de France)
- 2006 création et direction de l’ensemble lyrique et baroque « Arte Pomposa »
- 2015 Retour à la composition pour piano d’abord puis pour des formations de plus en plus importantes.
- Il intervient dans plusieurs ensembles Baroques et lyriques et dirige l’école de musique de saint Laurent de Neste. Il est aussi un des rares spécialistes de la viola da Spalla
Balada Zofii de Pascal Szymaczak (2019).
J’ai par hasard découvert cette balade de Sophie. Quand j’ai vu les papillons virevoltant parmi les fleurs sauvages puis entendu le son clair de la flûte sur fond de cordes pincées, rythmé périodiquement par ces deux coups de percussion, j’ai comme été transporté dans le temps et dans l’espace. Je me suis crû au moyen âge, un jour de fête là-bas quelque part là-bas en Europe centrale sur la place d’une cité lacustre.
Cette ballade me rappelle la musique traditionnelle polonaise telle que Oskar Kolberg[1] l’a décrite, analysée et transcrite dans son œuvre ethno-musicale Lud (Les Gens).
Au téléphone, Pascal Szymaczak m’a confirmé qu’il y avait dans sa composition des moments de musique traditionnelle ; musique trad qu’appréciait Sophie pour qui cette ballade a été composée. Il a accepté que nous amendions la partie visuelle de la vidéo en y incluant d’autres images rappelant nos origines slaves. Les images qui illustrent cette deuxième version de Ballada Zofii (nouveau lien à venir) sont tirées du site de la cité fortifiée slave de S?awulowo (Osada S?owianska S?awutowo) en Pologne. Oui, les Polanes, Vislanes ou autres Mazoviens ont habité les terres polonaises avant la naissance de la Pologne chrétienne en 966.
Vous trouverez d'autres détails de la biographie de Pascal Szymczak sur le site Quel avenir pour la Polonia de Pierre Frackowiak.
[1] Oskar Kolberg (1814-1890), ethnologue, musicologue, compositeur polonais. Après avoir parcouru pendant près de cinquante ans dans tous les sens le pays il a laissé une œuvre immense (120 volumes) intitulée simplement Lud (les Gens) où il a consigné leurs habitudes, modes de vie, langues, administration, proverbes, rituels, sorcellerie, amusements, instruments, chansons, musique et danses). Il a entre autres transcrit plus de six cents chants et musiques qui ne se transmettaient que par tradition orale.
Pour aller plus loin dans l'oeuvre de Pascal Szymczak.
Comme il l’explique sur sa page facebook, Pascal Szymaczak a profité de la période de confinement pour composer et nous propose deux nouvelles compositions d’où émergent ses origines polonaises :
- Slavian Rhapsody Rhapsodie slave
- Tradi Trada Tradi Trada
Il y a trois ans déjà il avait composé quatre poèmes symphoniques intitulés "Les quatre saisons polonaises" - “Polskie cztery pory roku” - "The Polish four seasons" Cliquer sur les images ci-dessous pour découvrir ces petits bijoux.
Il n'est pas possible de présenter un session de musique polonaise sans proposer une composition au piano (Chopin, Paderewski ou autres Penderewski) ci-après une composition de Pascal Szymczak pour piano de 2015 : Pleurer les larmes de mon corps. A mon simple avis, cette composition est digne de ses prédécésseurs Polonais. Bravo Pascal.
Petite question Pascal. Quand aurons-nous droit à une nouvelle version de Balada Zofii avec des voix féminines et du chant blanc. J’attends avec impatience cette version typiquement trad et encore plus slave comme l’aurait certainement aimé Sophie.
Date de dernière mise à jour : mardi, 07 juillet 2020